Moule
Boy # 463 : The Death of Moule Boy!
écrit et dessiné par
Ro28 (" avec l'aide très précieuse de mon frère
Fred ! ")
Brest, 14 h. Dans les bouchots de la ville
se passent souvent des choses étranges mais comparées
à ce qu'il va se passer dans quelques minutes, ce
n'est rien. A coté de ces bouchots se trouve un
hangar désaffecté, tellement lugubre et terrifiant
que personne n'ose y mettre les pieds. Les clochards
n'osent le squatter et les gendarmes n'osent le
surveiller. Il y règne un tel brouillard que personne
ne peut se douter qu'un homme puisse être assez
fou pour vivre dans ce hangar, près de ces bouchots.
Certaines légendes disent que des monstres y habitent.
C'est ici que se sont installés un homme d'une cinquantaine
d'années et son laboratoire de recherches marginal.
Il y a quelques jours, il a capté des vibrations
anormales dans les bouchots où il effectue ses expériences.
Après quelques analyses il a compris qu'un être
venu d'une autre dimension allait arrivé par ses
bouchots, tel une résurrection. Le moment est venu.
Il se lève de sa chaise et se dirige grâce à une
petite digue en planches de bois pourries vers les
bouchots. L'eau bouillonne, la température augmente
très fortement, les moules sur les troncs ne sont
plus distinguables. L'homme sourit. On peut voir
que la vie ne l'a pas épargné ! Il lui reste une
dent sur deux et son visage est marqué comme s'il
avait été coupé par des centaines de coquilles de
moules. C'est alors que l'eau arrête de bouillir.
Elle est très trouble, très sale. De la vapeur se
dégage. Une main tendue émerge. Puis un jeune homme
tout nu bondit de l'eau en hurlant comme un goret
et en dansant la gigue.
" AAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH CA M'CRAME LE CUUUUUUUUUUL
! "
Après quelques secondes, il s'arrête, s'assoit par
terre et souffle sur ses mains. Il ne remarque aucunement
l'homme âgé qui se tient devant lui.
" Incroyable… dit le vieil homme.
- Ouais bah ça le serait moins si c'était vous qui
étiez resté là-dedans ! dit Pierre Parquet, car
c'était bien lui, en relevant la tête. Hey mais
attendez… vous êtes qui vous ? Qu'est ce que je
fais là ? Il est où le nain dont je ne comprenais
rien à ce qu'il me disait et qui voulait des tic
tac… comme si j'avais que ça à foutre de lui refiler
des tic tac alors qu'un gros type me… Dites donc
je me sens différent…
- Oui il semblerait que ton corps ait été quelque
peu reconfiguré. Si je ne m'abuse, tu es le célèbre
Moule Boy, grand combattant de la faune marine.
- Co… comment le savez vous ?
- Bin je vois pas grand monde qui pourrait ressusciter
dans des bouchots après avoir été tué plusieurs
fois ces derniers jours…
- Oui bon, je vous l'accorde mais vous connaissez
mon identité secrète maintenant ! dit Pierre en
se relevant d'un bond et se cachant ses parties
génitales qui selon lui était plus gros qu'à l'accoutumé.
- Je la connais depuis bien longtemps, Pierre, continue
le vieux bonhomme en se dirigeant vers son bureau,
quelques dizaines de mètres plus loin. Ca fait un
bout de temps que je te surveille. Tu as des talents
extraordinaires !
- Ouais ça, c'est vite dit !
- Oh si ! Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà…
ah non, c'est pas ça que je voulais dire, attends,
euh… dit le scientifique en s'asseyant sur son siège
et se grattant le menton, songeur. Tu ne le sais
pas encore mais… ah non je me rappelle plus ! C'est
terrible ça ! "
Pierre en profite alors pour se regarder dans une
glace, non loin du bureau. Il n'en croit pas ses
yeux ! Son corps, si frêle si rachitique, était
devenu musclé et volumineux.
" Whouhou ! C'est géant ! Quand M.G. va me voir
comme ça !
- Pourquoi je me rappelle pas ce que je devais lui
dire nom d'une huître !
- Ca vous rappelle pas un film ?
- Non.
- Mais si un film où le gars se fait piqué par je
sais plus trop quoi et il se regarde dans la glace,
il est tout pourri et tout malade et le lendemain,
il se réveille il est tout beau gosse et tout musclé.
- Non. - Merde qu'est ce que c'est déjà ?
- Bon on s'en tape de ça !
- Ouais bah c'est vous qui le dites !
- Tu ne veux pas connaître mon histoire ?
- Nan mais comme de toutes façons tu vas me la raconter…répondit
Pierre en faisant la moue.
- Mon nom est Chris Tacé. J'ai été ostréiculteur
pendant un temps puis ces petites huîtres m'ont
passionné et j'ai commencé à m'y intéresser de plus
près. Il y a quelques années je me suis fait licencier
des laboratoires " petit navire " pour utilisation
illicite des machines qui étaient à ma disposition.
Je suis aussi poursuivi par la P.U.T.E (Police Unité
de Transaction Economique). et le C.H.I.B.R.E (Conseil
Hyper Important Belge de Redressement Economique)
pour le saccage d'un restaurant Léon de Bruxelles
à Paris il y a quelques mois.
Brest, 15 h 30. Vêtu de son béret basque,
de son costume gris foncé, de sa chemise blanche
non repassée et délavée par du bleu, d'une cravate
toute chiffonnée le tout retenu par des brettelles
il est arrivé ce matin après 8 heures de route depuis
Paris. En effet sa R18 n'étant plus de la dernière
fraîcheur, il a eu quelques problèmes, rien qui
ne soit irréparable. Mais Raoul Trouffion est à
Brest pour une affaire de saccage de restaurant
dans Paris où il est commissaire. Son préfet l'a
envoyé ici car l'affaire prend des tournures politiques
qui pourraient être nuisibles à la longue. Trouffion
n'aime pas Brest même si la picole n'est pas mauvaise.
Ca sent trop le poisson. Il entre dans le commissariat
où il doit rencontrer son collègue Colombin avec
lequel il a résolu plusieurs affaires. Tous les
deux sont restés bons amis. Lorsqu'il entre dans
le bureau, il sent qu'il coupe une discussion. Colombin,
assis sur son bureau, se lève et lui sourit en lui
tendant la main. Trouffion, toujours très bourru,
rend un sourire timide et serre la main de son collègue.
Deux personnes, habillé de noirs, ressemblant étrangement
aux Dupont et Dupond tout droit sorti des albums
de Tintin mais aussi à Travolta et Jackson dans
Pulp Fiction, sont assis en face du bureau de Colombin.
" Trouffion, je te présente Mike et Caïn Pice, deux
agents spéciaux belges, communément appelés Fritmen.
Ils viennent nous épauler pour l'affaire Léon de
Bruxelles. "
L'épaisse moustache de Trouffion frétille.
" euh … what meaning of a… mouse ? bafouille Trouffion
- Mais qu'est ce que tu glandes ? Ils sont belges,
ils savent parler français ! En plus essaie pas
de parler anglais, tu sais pas ! lui rétorque alors
Colombin. - Ouais bon arrête de me gonfler les couilles
!
- Selon nos indics, une fois, nous savons où se
trouve Chris Tacé, auteur du crime, dit celui qui
ressemble à Travolta.
- Bin qu'est ce qu'on attend alors ? Allons y !
"
Brest, 16 h. " Bon c'est bien gentil tout
ça mais moi j'ai des gens à aller voir, lance Pierre
qui commence à en avoir assez de se coltiner les
histoires de son néanmoins bienfaiteur Chris Tacé.
- Oui bien sur, Pierre, mais je pense te revoir
très bientôt…
- Ouais c'est ça allez salut ! " finit Pierre avant
d'ouvrir la porte du hangar. Il se vêtit du costume
de Moule Boy qu'a tricoté Chris Tacé pour lui éviter
de se balader nu. Alors qu'il s'élance dans les
rues à l'aide de ses moulinets, des sirènes de police
retentissent de plus en plus fort à mesure qu'elles
se rapprochent du hangar désaffecté. Là Chris Tacé,
pris de panique, range des plans qu'il avait confectionné,
au hasard dans un grand sac et tente de s'enfuir
alors que les voitures dérapent devant l'entrée
de l'entrepôt.
" Laisse tomber Tacé, tu es fichu ! lui lance Colombin
avec son porte-voix.
- Non je ne me laisserais pas faire ! Ce restaurant
vendait des huîtres avariées élevées dans des caissons
artificiels ! crie Tacé. Ce que j'ai fait est juste
!
- Il dit n'importe quoi une fois ! lance Caïn, apparemment
irrité par les propos. Vas y Mike, prépare ton fusil
!
- Quoi mais vous allez pas tué ce pôv'type pour
un saccage ? s'écrie Trouffion.
- Mais non, ce sont des flèches tranquillisantes,
assure Mike. Nous autres belges déplorons toutes
sortes de violence !
- Ok allez-y mais vous ratez pas ! ordonne Colombin.
- Je ne me laisserais pas faire ! s'égosille Tacé,
ah non, ça je l'ai déjà dit, merde qu'est ce que
je peux leur sortir d'autres, euh attendez… AH !
"
Le tir de Mike Pice est réussi ! Le criminel est
dans les vaps. Trouffion et Colombin font des mous
d'étonnement et autres hochement de tête et ne peuvent
qu'apprécier le travail propre de leurs collègues.
Ils entrent dans le hangar, suivis par leur troupe
de policiers, menottent Chris Tacé, endormi. Et
pour fêter leur victoire, Colombin décide de les
inviter à boire un verre une fois le rapport torché,
enfin terminé…
Brest, 17 h. La maison des Parquet, un havre
de paix pour tous ceux qui y ont vécu, y vivent
et y vivront. Malheureusement aujourd'hui, rien
ne se déroule comme d'habitude. La tante Huguette,
la cigarette au bec, se soucie beaucoup pour son
pauvre Pierre qu'elle n'a pas revu depuis ce matin.
Pour passer ses nerfs, elle récure ses assiettes
propres dans son évier. La porte de la maison s'ouvre.
Huguette n'entend rien, bien trop perdue dans ses
pensées. Une ombre plane sur le salon, se déplace
sans un bruit. Huguette marmonne des choses inaudibles
pour une oreille humaine. La porte de la cuisine
crisse doucement lorsqu'on la pousse. Huguette ne
se doute toujours de rien. L'ombre tentaculaire,
en se positionnant derrière elle, diminue la visibilité
d'Huguette.
" Vous vous souvenez de moi Huguette ? lui dit une
voix rocailleuse dans son dos.
- Non j'ai aut'chose à foutre !
- Mais… "
Brest, 17 h 15. Pierre est bientôt arrivé
chez sa Tante Huguette. Il s'imagine qu'elle doit
être en train de frotter frénétiquement ses gamelles.
Mais il doit d'abord se changer, il ne peut pas
se présenter devant elle en Moule Boy ! Avec son
cœur fragile, ça la tuerait ! C'est alors qu'un
cri perçant s'échappe de la maison des Parquet.
Pierre, tout affolé et fier de ses nouveaux muscles,
courent comme il ne l'a jamais fait vers la résidence.
Il s'aide du poteau de grillage pour son virage,
saute les escaliers (ce qu'il n'avait jamais réussi
auparavant) et défonce la porte d'entrée (ce qu'il
n'avait encore moins réussi auparavant). Pris d'un
incroyable courage suite à ses exploits surprenants,
il s'élance vers le jardin d'où vient le hurlement.
Faisant sauter la porte qui donne sur le jardin,
il est pris d'une vision d'horreur ! L'infâme Docteur
Poulpe détient dans ses tentacules la pauvre Huguette
qui a l'air de délirer.
" Diantre ! Que lui veux-tu, Poulpe ? Laisse cette
vieille femme tranquille !
- Je suis amoureux de cette vieille femme et je
viens la demander en mariage ! s'écrie alors Docteur
Poulpe.
- Diantre ! T'es complètement malade, s'effrois
Pierre.
- PIIIIIIIIRATE ! laisse échapper la Tante Huguette,
complètement à la ramasse.
- Diantre ! Que lui as-tu fait ? Elle divague complètement
!
- Ce n'est rien, seulement le venin de mes ventouses
qui fait effet. Il n'est pas mortel, il ne fait
que droguer la personne qui est en contact avec.
Une de mes dernières trouvailles !
- Viens te battre, pauvre fou, dit Pierre avant
de se lancer à l'assaut. "
Il se jette sur le Docteur Poulpe qui relâche la
Tante Huguette par terre. Le terrible octopode assène
alors un coup de tentacules à Moule Boy, qui, oubliant
qu'il avait les réflexes d'une moule et avec une
bravoure retrouvée grâce à ses muscles, est envoyé
contre le mur de la maison à trois mètres du sol.
Il retombe violemment sur les fesses. Il se relève
aussitôt tant pour faire bon effet devant Poulpe
que parce que ses fesses sont encore toutes brûlées
de tout à l'heure et cela lui fait extrêmement mal
!! Le Docteur s'approche de lui pour lui mettre
un deuxième coup de tentacules mais Moule Boy pare
le coup et s'accroche au membre. Une fois en l'air
il le relâche et assène, les deux pieds tendus,
un terrible coup à Poulpe ! Encore, il a oublié
que tout muscle qu'il ait, il est doté de la force
d'une moule, ainsi son coup de pied n'a pratiquement
rien fait à Poulpe. Ce dernier attrape Moule Boy
par le pied et l'envoie une nouvelle fois contre
le mur de la maison dont une tuile se détache mais
ne tombe pas. Pierre tente alors de piéger Poulpe
grâce à ses filets mais son moulinet s'enraye. Poulpe
s'esclaffe. Moule Boy est en véritable panique alors
que le Docteur s'approche tout doucement.
" Allez saloperie !
- Laisse tomber Moule Boy, cette fois-ci, tu n'auras
pas ta chance pour me vaincre !
- Ouais bin on va bien voir hein !
- Tu es fini et tu ne m'empêcheras pas de me marier
avec Huguette !
- HA CA Y EST IL EST DECOINCE ! "
Poulpe s'arrête, craintif. Moule Boy tisse un filet
qui par sur le toit. Le Docteur explose de rire
mais alors que Moule Boy tire sur son moulinet,
un tas de tuile tombe sur le crâne du Docteur Poulpe.
Dans leur sillage elles font tomber aussi la gouttière
qui finit de terrasser le Docteur. Pierre court
au chevet de sa tante.
Brest, 19 h 30. Pierre a emmené sa tante
à l'hôpital et a auparavant appelé la police et
le commissaire Colombin, qui assisté du commissaire
Trouffion de Paris, semblait très heureux d'attraper
le Docteur Poulpe aujourd'hui. Il se dirige maintenant
tout tranquillement chez sa tendre M.G. qui ne va
pas en croire ses yeux quand elle aura vu ce qu'est
devenu le freluquet Pierre. La vie est belle, il
a ressuscité, des muscles sont apparus sur tout
son corps, ses parties génitales ont grossi énormément,
il a vaincu le Docteur Poulpe et sauvé sa Tante
Huguette.
Brest, 19 h 45. A la sortie d'un bar, deux
hommes bien chargés chantent en canon " la rirette
". Il s'agit de deux commissaires de police, l'un
de Brest, Colombin et l'autre de Paris, Trouffion.
Ils arrivent tant bien que mal jusqu'à la voiture
de Trouffion, une R18 marron, toute rayée, avec
un bandereau " cuit au ricard " sur le pare brise
avant et un macaron " bin vazy, dépasse connard
! " sur la vitre arrière.
Brest, 19 h 50. Pierre est bientôt arrivé
à l'appartement de M.G. C'est là que déboule à vive
allure dans la petite ruelle une voiture. Pierre,
ayant les réflexes d'une moule ne peut éviter le
pire. Sa dernière pensée est alors " Oh fait chier,
j'vais encore cané ! Chuis sur que je ne vais même
pas pouvoir montrer mes nouveaux muscles à ma M.G.
chérie ! ". Et là il est fauché comme une vulgaire
quille et se fait valdinguer dans des poubelles
proches. Au dernier moment il peut tout de même
distinguer la voiture : c'est une R18 marron, toute
rayée, avec un bandereau " cuit au ricard " sur
le pare brise avant et un macaron " bin vazy, dépasse
connard ! " sur la vitre arrière… "